25 Juillet 2020
Jean Castex annonce ce jour qu'à la rentrée le dispositif de mise à l'amende des consommateurs de cannabis sera généralisé. Placer la consommation sous un régime contraventionnel, c'est un demi pas vers la dépénalisation. Je doute clairement de l'efficacité de la mesure. Quels sont d'ailleurs les buts recherchés? Fiscaux? Sécuritaires? Mesurette démago? LÉ-GA-LI-SONS! D'autres que moi, vous peut-être qui lisez, êtes peut-être, sans doute même déjà convaincu, dois-je alors en rajouter beaucoup sur le pourquoi légaliser? Préoccupons nous plutôt, dans le pays plus gros consommateur et pire prohibitionniste d'Europe, de COMMENT on va légaliser. Et vite, pas la peine de mégoter.
Durant une législature de la cinquième république il n'y a pas de place pour énormément de réformes de l'ampleur et de l'impact qu'aura la légalisation du cannabis. Aussi, il ne suffit pas selon moi de le mettre à son programme et de dire qu'on s'inspirera de ce qui se fait à l'étranger vu qu'on prend le train en marche. J'ai pensé qu'il fallait un plan, du sérieux, de la méthode, pour opérer une légalisation complète du cannabis sur un début de quinquennat.
Voici le plan que je propose
1-Proposition de loi pour la légalisation sous contrôle d’Etat de l’autoproduction et du commerce sous monopole du cannabis, dépénalisation de la consommation
2- Renationalisation et adaptation des usines de la SEITA, (au moins la part du capital détenu par le groupe Bolloré et la Société Générale )
3- Définition des zones franches de commerce du cannabis dans chaque département et agglomération. Chaque zone abrite un ou plusieurs centres de stockage et de distribution. Ces zones sont les lieux actuels de trafic illégal.
4-Le cannabis peut s’acheter au détail à l’intérieur de ces zones.
5- Chaque bureau de tabac de France est équipé d’un terminal de commande de produits à base de cannabis.
6- Les consommateurs hors zones franches se font livrer les produits commandés.
Les implications d’une légalisation sont quasiment révolutionnaires. Les malfrats, les mafias seront des adversaires contre lesquels il faudra mettre de sérieux moyens. Mais les évidentes recettes d’exploitation et de fiscalité constituent un gage solide pour les investissements, coûts et dépenses de cette phase de transformation.
Je balaye l’argument que le régime actuel de tolérance constituerait une “soupape” sociale par les ressources économiques dont bénéficieraient les quartiers de fort trafic.
Pensez à la Capsulerie de Bagnolet, qui a certaines périodes qui reviennent tant que nous sommes en régime de prohibition peut générer plus de 50 000 euros par jour de chiffre d’affaire, rien que sur le cannabis. Les retombées locales, les miettes pour les nourrices et les guetteurs sont annihilées par le désastre du trafic sur l’environnement, la sécurité, les services publics, l’isolement social, l’image extérieure, j’en passe.
15 à 20 millions par an de chiffre d’affaire. En regard de l’impact de ces points de deal, pensez à l’impact d’une entreprise générant de tels bénéfices commerciaux et industriels.
Des centaines d’emplois directs.
Est-il sain que l'État ait le monopole d'une drogue? ça me semble problématique, tant pour mener des politiques de préventions que des politiques fiscales efficaces. Mais ne sommes nous pas, en état de prohibition, dans une inefficacité complète en ces matières?
Il est temps de poser ces débats en termes pratiques, économiques, sociaux, et sortir de la seule problématique morale le débat.
En tant que toxicomane en rémission, j'étais quand je consommais du cannabis un malade traité comme un délinquant. Je ne connais pas de maladie où la punition, la sanction, soit un traitement efficace. Ça été compliqué d'arrêter, peut-être plus compliqué que l'alcool, une drogue pourtant plus "dure", mais dont le commerce est réglementé. Difficile d'intégrer un parcours de soin quand on est en marge de la loi.
Le coût social du cannabis, il est dépensé notamment dans l'incarcération, et le prisonnier toxicomane ne guérit pas de sa dépendance par le simple fait de purger sa peine. Le fumeur de shit dépendant, donc malade cannabinomane ne sera pas soigné par les contraventions que lui dresseront les flics, mais par une vraie démarche de soin.
Je crains beaucoup que la politique contraventionnelle que Castex et Darmanin mettent en place ne participe en rien à une réduction des risques liés à la consommation de cannabis. Ce sera toujours les mêmes merdes qui seront vendues au pied des tours, et les mêmes fumiers qui exploiteront les consommateurs et les habitants.
Oui, non, ce n'est pas un article rigolo. C'est que j'ai un peu trop rigolé avec le cannabis. Et c'est pour ça que je suis pour sa légalisation. Pour que ceux qui ne sont pas malade puissent consommer un produit qui, comme l'alcool, est "intéressant", et ne manque pas de "vertus". Et que puissent être menées des politiques de prévention et de soins efficaces.