10 Mai 2016
C'est ce qui s'appelle avoir de la suite dans les idées. Concernée par les problématiques de harcèlement sexuel et sa conscience réveillée par l'électrochoc Baupin, Stéphane Goudet prend courageusement ses responsabilités en annonçant un scandale de harcèlement à Montreuil... sans toutefois avoir la témérité de s'exposer directement. L'enfer est pavé de bonnes intentions car tout en défendant brillamment la cause des femmes Goudet ne s'attaque nommément qu'à l'une d'entre elles.
Heureusement que Cannes arrive et que notre renommé directeur artistique va pouvoir s'y changer les idées. Sans doute à nos frais mais après tout c'est grâce à cela que nous avons la meilleure programmation de l'univers au cinéma Méliès.
Ce n'est pas qu'en politique, le harcèlement sexuel. C'est un phénomène massif dans toutes les sphères où il y a des enjeux de pouvoir. Par exemple Le harcèlement au travail est une réalité pour 20% des françaises. Rien d'étonnant donc à ce que Stéphane Goudet en ai croisé des exemples à Montreuil.
Peut-être aussi à la Sorbonne, d'ailleurs. L'université est aussi un lieu où s'exercent des rapports de domination, de pouvoir, dans un contexte où l'homme est en général en situation de pouvoir. Codirecteur de master, par exemple. Et on imagine tout à fait que Stéphane Goudet est en pointe dans la lutte contre le harcèlement sexuel à la Sorbonne, où il exerce son activité principale. La Sorbonne est d'ailleurs une institution qui prend le problème à bras le corps.
Du coup on se demande si le conscientisé Stéphane Goudet ne devrait pas y passer un peu plus de temps. On lui aurait alors expliqué que sa démarche était peu constructive. Qu'elle donnait l'impression de ne défendre aucune femme mais au contraire en attaquer une, encore. Et c'est juste le détail qui tue et qui décrédibilise un petit peu l'action. Autre chose, je l'ai déjà dit dans l'article d'hier sur l'affaire Baupin, en ces matières quand on s'en prend à quelqu'un qui est déjà un adversaire, c'est problématique et parfois suspect.
On va pas passer la soirée sur ce post assez piteux, juste constater que Stéphane Goudet, comme à son habitude, prend bien garde de ne pas se mettre en danger juridique (il fait juste une faute grave vis-à-vis du devoir de réserve, mais ça tout le monde a compris qu'on s'en fiche à Montreuil). L'attaque en diffamation? ce sera pour ceux qui répèteront ce qu'il leur a dit en privé. A moins qu'ils le fassent anonymement, comme la nuée de corbeaux commentant ce blog.
Je suis bibliothécaire à Montreuil. Dans mon activité de service public actuellement je suis préoccupé par quelques usagers qui importunent les lectrices de la bibliothèque. Il m'est arrivé de rappeler à l'ordre ces hommes qui pratiquent ce qui peut aller jusqu'au harcèlement. Ces comportements sont tellement banalisés que beaucoup de femmes ne les signalent plus.
Je suis devenu assistant à la bibliothèque de Montreuil en avril 2003. Une femme y était directrice après que Emmanuel Cuffini, conservateur précédent, soit devenu directeur de la culture de la Ville de Montreuil. Emmanuel Cuffini a ensuite été nommé directeur de la BPI. En 2008 il a été élu sur la liste de Dominique Voynet et a occupé le poste d'adjoint aux finances puis à la culture. Stéphane Goudet (ou plutôt, les corbeaux) prêtent souvent à Emmanuel Cuffini des responsabilités dans le système de double billetterie du Méliès. Je n'ai connu personnellement Emmanuel Cuffini qu'en 2014 lors de la campagne de Dufriche. Auparavant je n'était pas engagé politiquement (ça je pourrais le répéter mille fois mais bon). je connaissais néanmoins Cuffini "de réputation". Et c'est une réputation d'homme pressant vis-à-vis des femmes. Abusif? Harceleur? Si la pire des histoire qui m'a été rapporté était avérée Il serait d'après moi allé au delà de ce que personnellement dans mon système de valeurs je considère comme la limite (pas forcément selon la justice française, soit-dit en passant, car je suis un brin puritain). Mais pour beaucoup c'est juste un homme qui aime les femmes. Je n'ai pas entendu parler d'agression.
Qui doit fixer la limite? Pointer du doigt, dénoncer? Les hommes de pouvoir, s'ils ont le sentiment d'être les justes et que leurs valeurs sont partagées, ont certainement leurs responsabilités à prendre si on leur prête confiance pour cela. Mais ils doivent le confier à la justice et lui faire à leur tour confiance. Je crois que près de 90% des rares affaires de harcèlement sexuel signalées finissent par des non-lieu. Non lieu, c'est le truc dont a bénéficié Goudet pour la double billetterie et on se rappelle la communication qui a suivi. Dans de nombreux cas la personne mise en cause, tel Denis Baupin, attaque en diffamation. Et peut gagner.
Alors, Goudet, quelque chose à poukave ou c'est un festin pour les corbeaux?
(Post-Scriptum : Croyez le ou non je ne me suis pas concerté avec Emmanuel Cuffini pour cet article. Il peut m'attaquer. On peut aussi me demander de le retirer. Je réfléchirais)
(Post-Post-Scriptum : j'ai passé, sans qu'on m'ai fait aucune pression, une phrase de ce texte au conditionnel. Et ajouté un commentaire entre parenthèse) C'est la partie qui est en italique.