12 Janvier 2016
Jeudi 14 janvier se tiendra à Montreuil le conseil du cinéma Le Méliès. On se gargarisera de la fréquentation exceptionnelle du six salles, on trouvera des responsables à tout ce qui ne va pas, on démolira les quelques enquiquineurs qui ne se joignent pas au chœur de louange.... et on présentera une proposition de "charte pour un cinéma indépendant de service public". Elle est ci dessous. C'est presque mot à mot qu'on peut déconstruire cet charte qu'Alexie Lorca, adjointe à la culture et conseillère communautaire a transmis aux membres du conseil du cinéma. Est-ce qu'elle et nos élus,de Montreuil l'approuvent et la cautionnent ? Parce qu'alors il faut vraiment s'interroger sur leur conception de l'intérêt général, au moment où Patrice Bessac laisse planer le doute sur sa capacité à tenir son engagement de ne pas toucher aux impôts
Lecture en survol incrédule du texte.
Déjà, "indépendant" et "de service public", ce sont deux choses qu'il faut accoler avec précaution. UN cinéma indépendant, il n'est pas dépendant d'une tutelle publique.
Et justement! Les autorités de tutelles ! Ce sera le terme utilisé pour désigner à la fois Montreuil et Est-Ensemble. Au passage et pour info Est-Ensemble n'est plus une Communauté d'agglo mais un Etablissement Public Territoire du Grand Paris . Un territoire qui comprend un réseau de Sept cinémas. 5 sont transférés, le Méliès et le Garde Chasse des Lilas ne le sont pas mais fonctionnent avec les mêmes tarifs, les mêmes abonnements. C'est un réseau. Dont le Méliès DEPEND. La charte ne mentionne pas ces cinémas. Est-ce qu'il est question de sortir de ce réseau? Ne creusons pas trop. Vu le niveau où se situe le texte on risquerait de tomber sur du pétrole de schiste.
Le pompeux "exposé des motifs" grave le fameux postulat que la direction du Méliès se doit d'être bicéphale : une direction artistique et une direction d'exploitation. Ce prérequis contestable est un reliquat de l'époque où on devait encore donner le change sur le fait que Goudet ne pouvaient en aucun cas se trouver en responsabilité d'agent ou de bien public. On le garde par habitude, mais on ne s'arrête plus à ça depuis deux ans.
Je passe sur le préambule et je fais court sur les objectifs : il s'agit de faire un super cinéma avec des tarifs avantageux.
Ce qui est intéressant, le cœur malin de la charte, ce sont les moyens pour y parvenir. Le choix est de s'affranchir des règles de service public
1/ Le recrutement de la direction. Ce sera sur "des critères transparents". Qui sont d'abord "un projet culturel écrit"... au fait je vous ait dit que la mise en œuvre du projet culturel était à l'ordre du jour du conseil du cinéma? OOOHHH j'en entend qui parlent déjà de dés pipés.... Quel mauvais esprit! Ce projet culturel, donc, il répond à des objectifs culturelles et à des données financières que les autorités de tutelles exposent... Quoi? Comment ça ce n'est pas ainsi que fonctionne le service public? Vous savez mieux que les spectateurs experts du C-ISM, peut-être? Le Méliès mérite open bar! On mentionne même des "possibilités éventuelles de créations de poste". Non, c'est vraiment en phase avec la réalité de la fonction publique territoriale en 2016.
Le meilleur, le jury : "restreint", avec au côté des autorités de tutelles "des personnes extérieures compétentes en matière de culture et de cinéma". Au hasard, Robert, Ariane, Dominique et Dominik?
2/ Autonomie de la direction et de l'EQUIPE. La tutelle devrait respecter l'indépendance du Méliès jusque dans le recrutement et le management. Donc pas de hiérarchie? Pas de devoir d'obéissance, de comptes à rendre? Oh il est prévu un bilan annuel qui pourra être porté à la connaissance du public. Mais on est plutôt dans l'octroi de charges façon ancien régime. Quel protection pour les salariés? Quelles garanties d'égalité d'accès à la fonction publique? Bon vous avez compris. On donne en joujou non seulement un équipement mais en plus le personnel qui va avec, et la liberté de recruter qui on veut si on casse des trucs. Mais c'est pas fini!
3/ Car les autorités de tutelles (Montreuil et Est-Ensemble, nous et notre pognon, en bref) s'engagent à abonder tant la masse salariale que le budget si c'est en déficit. Bien évidemment. C'est marrant parce qu'on ne sait pas ce qui se passe dans l'hypothèse où le Méliès serait bénéficiaire. ça n'a rien d'impossible avec un mode de direction aussi génial.
4/ Le conseil du cinéma. L'instance suprême. Qui veille au respect de la charte et juge en suprématie. Elle doit être dirigée par une personnalité "de la société civile" (ni élue ni employée du cinéma). Mais... Comment et qui la désigne? On se rappellera qu'au sein du cinéma les représentants avaient été désignés dans une grande opacité, y compris pour les élus.
Le conseil du cinéma se tient en mairie le jeudi 14 janvier à 18h30. Je ne doute pas qu'il se déroule en totale transparence. Cette charte sera-t-elle mise en œuvre par cette noble et si démocratique instance?