5 Juillet 2021
Le conseil municipal de mercredi va se dérouler en public, une première depuis son installation au printemps 2020. Je ferai si possible un livetwitt depuis le balcon en mairie, pour reprendre une routine de celles qui m'ont pas mal manqué. Fini le suivi en direct vidéo, qui dépanne bien sauf quand votre liaison internet est... en panne, ce qui m'était arrivé le 2 juin. L'enregistrement vidéo m'a cependant permis de voir ce que j'avais loupé. Et cette séance... A la fois il faut que j'en parle et il faut pas que j'en parle... Oui, je vais en parler bien sûr.
Expédions tout d'abord les formalités pour mercredi 7 juillet 19h. L'ordre du jour est là
https://www.montreuil.fr/fileadmin/user_upload/News/Fil_infos/2021/convocation-cm-07072021.pdf
pour suivre le direct
à suivre sur le hashtag #CM93100, je ferais mon livetwitt depuis les gradins où j'aurai sans doute le plaisir de retrouver les trotskistes du POID, l'une des principales forces de gauche de la ville.
Comment? Le document de séance dans lequel les délibérations sont présentées in extenso aux conseillers municipaux pour qu'ils puissent voter en connaissance de cause? Vous regrettez qu'il ne soit pas à disposition du public et vous vous dites que ça pourrait être l'un des rôles de ce blog? C'est entendable. Ce serait matériellement possible. Mais ça m'emmerde. ça m'emmerde parce que d'une part il faudrait que je me farcisse ses 1500 pages, et je n'en n'ai que médiocrement envie, que je caviarde un certain nombre de données nominales ou que je supprime des pages impliquant des particuliers, ce qui serait considéré comme suspect, alors que justement la confidentialité est parfois nécessaire à la démocratie. ça peut paraître paradoxal, hein? Surtout venant de moi, qui avait fait fuiter le rapport d'observation de la Chambre Régionale des Comptes après sa diffusion par un élu sur une liste militante.
Divulguer ce document de séance, ce ne serait intéressant que si le débat public avait davantage de hauteur dans cette ville. Au lieu de ça on se pignole sur des conflits de personnes et de sombres histoires de cornecul.
Pas grand chose de notable à l'ordre du jour de ce conseil, hors des subventions aux assos, notamment environnementales, et des dossiers déjà visés au conseil de territoire à Est-Ensemble la semaine dernière. Pas grand chose, d'autant plus que la délib sur le règlement intérieur a été retiré.
Alors... Nous y voilà. Le règlement intérieur du conseil municipal. HAHEM.
Première chose il y a une petite modif technique à faire sur le site internet, puisque le règlement intérieur actuel est indiqué comme étant celui de la ville de Dijon!
Est-ce que c'est ce qui explique que la moutarde monte aussi souvent au nez des participants?
Je veux revenir sur un incident survenu au conseil municipal du 2 juin, que j'ai regardé en différé du fait d'une panne de réseau pour le direct. En voici l'adresse youtube
A 1.36.30 vous voyez clairement l'action du condiment bourguignon sur la face de notre édile. Sans parler des imprécations d'une élue, Djénéba Keita. Que s'est-il passé?
0.20... et suivantes : Murielle Mazé, élue de droite, utilise son temps de parole hors délibs pour faire l'article sur la région Ile de France et appeler à voter pour Pécresse les 20 et 27 juin. C'est grotesque, mais j'aurais à priori tendance à dire que c'est de bonne guerre pendant la campagne officielle.
Pas pour Pierre Serne qui intervient ensuite et interpelle Bessac
0.25.59 "je trouve que vous avez été très coulant sur ce coup là". Selon lui le Maire aurait dû interrompre Murielle Mazé et la rappeler à l'ordre sur son appel à voter. J'ai cherché dans le règlement intérieur de DijonMontreuil, pas trouvé d'article explicite à ce propos. Ni sur internet, bien que je n'ai pas creusé à fond les codes. Mais Pierre Serne affirme avec tout son aplomb et son autorité que c'est la "fête du slip" d'avoir laissé une élue faire grossièrement campagne durant un conseil municipal. Le tribunal administratif a-t-il été saisi? Un bon point pour l'expression "fête du slip", vous savez à quel point je l'adore.
Viennent ensuite les prise de parole à propos de Jean-Charles Nègre, élu décédé du Covid en mars 2020. Des paroles pour certaines profondes, pour d'autres émues. Et soudain, l'intervention de Choukri Yonis
0.50.30 Pas un mot pour Jean-Charles Nègre, mais elle demande une minute de silence à la mémoire de Bary Keïta, travailleur sans papier décédé le 18 avril dernier, soit six semaines plus tôt... Désolé de dire ça mais PUTAIN LE MALAISE! un certain nombre de choses ont été dites et écrites sur la mort de Bary Keïta, à Montreuil et plus loin, car son destin est hélas emblématique de la mort au travail, notamment pour les précaires des précaires. Mais l'hommage, il a eu lieu le premier Mai, sur l'escalier de la Mairie, et a associé la Mairie. Cette demande de minute de silence à contretemps, ça pue. Mais on n'a encore rien vu!
1.30.00 Sur le budget participatif, Choukri Yonis fera un cavalier tout à fait grossier sur les occupants d'EIF. (Un cavalier, dans une séance à l'ordre du jour codifié, c'est quand on se débrouille pour parler de quelque chose qui n'a pas grand chose à voir avec le sujet du moment. C'est fait parfois avec de l'habileté et de la classe. Là c'était fait par Choukri Yonis). Et fort logiquement Patrice Bessac la rappelle au règlement (page 19 article 28 paragraphe 3 du RI de Dijon-Montreuil-Pyongyang)
Prenant ensuite la parole, Pierre Serne commence par s'insurger que Bessac ait usé de ses prérogatives pour recadrer Choukri Yonis, l'appelant Kim Il Bessac (sic), criant à la dérive totalitaire. Il donne un bon point à Pécresse, plus démocrate que Bessac, compare la situation à Levallois-Pérret, Il fait plusieurs allusions à la Corée du Nord, enjoint les vrais démocrates, la vraie gauche et notamment les élu.e.s EELV à se ressaisir. On rappelle qu'à peine une heure plus tôt il reprochait, à Bessac de ne pas interrompre Murielle Mazé sur son temps de parole "libre". A part ça...
A part ça il parle de façon assez vasouillarde des budgets participatifs puis il revient "assez solennellement" sur la demande d'interruption de séance pour une minute de silence en mémoire de Barry Keita. Montreuil deviendrait ce 2 juin "la première ville de gauche à refuser une minute de silence pour la mort d'un travailleur sans papier".
Là je ne parle plus de malaise, mais d'une manipulation infecte. Qu'est-ce que ça veut dire, sinon que Montreuil est une ville de gauche avec une opposition prétendument "de gauche" assez obscène pour instrumentaliser ainsi le décès d'un citoyen et l'émotion suscité, et ce au prétexte d'un hommage réussi à une personnalité ample, mais discutée, (car Jean-Charles Nègre a une part d'ombre) mais transcendée par le fait qu'il est une victime de la crise du Covid, et comme beaucoup l'ont dit, on rend aussi hommage aux autres victimes de cette maladie?
Désolé c'est dur à expliquer comment ça fout la rage de voir Choukri Yonis faire ça, puis Pierre Serne rebondir ainsi. Une à qui ça fout très fort la rage, c'est Djénéba Keita. Je précise que Keïta ou Keita est un nom très répandu à Montreuil, il n'y a pas forcément de lien de parenté, mais que face à cet affront, à cette provocation, ce soit Djénéba Keita qui sorte de ces gonds (et enfreigne le règlement intérieur du conseil, et soit rappelé à l'ordre par le Maire...) est compréhensible, évident.
Pierre Serne conclue son intervention à 1.35.50 en répondant par cette provocation à Djénéba Keita : "viens me mettre une claque comme tu l'as fait à Emmanuelle Cosse"
On ne sait pas à quel évènement réel, exagéré ou inventé Pierre Serne fait ici allusion. La chronique médiatique n'en a pas trace. Mais mon dieu que ça pue. VOILA le genre de propos qui devrait faire l'objet d'une interruption par le président de l'assemblée. Le Dirigeant Suprême Bessac informera ensuite que Pierre Serne utilise à lui seul près de 30% du temps de parole de l'assemblée, et qu'on passe à 35% si on ajoute celui de Choukri Yonis. (On rappelle que Serne-Yonis représentent moins de 7% des suffrages exprimés...).
On passe sur la suite du conseil municipal, qui s'est un peu calmé mais pas élevé. Les débats de cette semaine se dérouleront donc avec le même règlement intérieur et les mêmes acteurs. Sous nos yeux ébahis.
POST SCRIPTUM : Cet article arrive plutôt dans la douleur. Il y a une tension entre la nécessité de dire ce qui est et l'hésitation face à certaines conséquences. Ce blog, ces plus de 200 publications m'ont valu plusieurs plaintes au commissariat, et encore plus de menaces, physique, ou surtout administratives et judiciaires. Je m'efforce de dénoncer les abus. Ici, je dénonce certains abus de Pierre Serne. Et ça n'a rien d'évident sachant que nous avons fait plusieurs campagnes électorales en commun, que nous avons eu des luttes en commun. Alors il y a l'hésitation, car cette attaque sans ambiguïté envers un élu EELV sera incomprise de beaucoup, perçue comme un coup "contre mon camp". Ce sera aussi instrumentalisé par des adversaires communs. Alors ça se pèse. D'appuyer sur le bouton publier