30 Septembre 2019
Tony le Marseillais saluant une réalisation municipale, portée par une élue écologiste qui plus est, ça méritait d'être relevé! Les terrains synthétiques ne suscitent pas le même enthousiasme chez certains élus et militants écolos, croyant percevoir une contradiction entre des "bons" écolos à la région qui seraient opposés à ces terrains polluant et sanitairement dangereux, et les "mauvais", ou plutôt la mauvaise écolo élue au sport qui empoisonnerait la ville avec des vieux pneus mal recyclés. Faisons le point sur les deux types de terrains synthétiques utilisés à Montreuil et sur deux autres types qui ne le sont pas, constatons la cohérence écolo et populaire du projet municipal, et mettons sur le compte de l'ignorance, plutôt que la mauvaise foi, certaines polémiques à la gomme
8,92km2. C'est la surface de Montreuil sous Bois, et ça correspond à celle de mille (petits) terrains de football. Comme il y a certains trucs indispensables, comme les habitations, les infrastructures routières, les services, qui occupent aussi l'espace urbain, la place à consacrer à la pratique sportive, notamment celle des "grands jeux" comme le football et le rugby, est à négocier. LA Montreuil es pratiquants se compte par milliers. Ok, le futsal c'est bien aussi. Mais pour se rêver en futur Kylian Mbappé, il faut avoir accès à des terrains GRAND JEUX.
Un terrain en herbe, il est utilisable 6h par semaine pour garder une qualité optimale. On peut pousser à 10 voire 15 heures avec une rigueur d'entretien impeccable, de l'arrosage, en ménageant plusieurs mois de pause l'été... et l'usage d'engrais de synthèse. Un terrain enherbé ça n'a pas l'air comme ça mais c'est aussi une artificialisation assez élevée du sol, avec un bilan environnemental discutable, pour donc une centaine d'utilisateurs dans des conditions optimales. Et encore! Le Club de la ville peut accaparer un terrain voire plus pour son activité au détriment des scolaires, jeunes, ou des amateurs moins haut dans la hiérarchie sportive.
Un terrain synthétique, on peut l'utiliser 30-35 heures par semaine sans préjudice de qualité, et 12 mois sur 12. Il faut donc trois à cinq fois plus de terrains herbe que de terrains synthétiques pour une utilisation équivalente. Et avec le terrain synthétique, pas d'arrosage, pas d'engrais. Génial!
Euh... non. pas génial. Parce qu'un terrain synthétique, ce sont des brins de polypropylène ou de polyéthylène (du plastique) additionnés d'un granulat de mini-billes. Et... nous voici donc au coeur de la polémique, car il y a plusieurs types de gazons synthétiques :
1/ Le plus courant, et celui que combattent à raison les écologistes, c'est le granulat en élastomère recyclé, autrement dit du vieux pneu. sofoot...
https://www.sofoot.com/vers-un-probleme-de-synthe-publique-451177.html
puis envoyé spécial...
https://www.youtube.com/watch?v=a6I-XPDz5OQ
... ont alerté sur le danger sanitaire de ces granulats fait à partir de pneus de bagnoles. Un moratoire comme celui que demande les écolos de la région Ile-de-France, c'est le bon sens. Je signe des deux mains
2/ En 2008 Dominique Voynet est élue Maire de Montreuil. Entre autres sous-équipements, (culturels, scolaires, sportifs...) Montreuil manque de terrains de sport. Mais si le projet de Brard était de traiter les murs à pêches en vulgaire réserve foncière, la maire écolo ne compte pas accaparer tout l'espace par de la promotion urbaine. Cependant, quand un écolo entend synthétique, il tique. okay ça prendra cinq fois moins de place, on doit bien souvent durant ce mandat faire passer la demande et les besoins sociaux avant l'ambition écologiste. Mais faire jouer les gamins sur du vieux pneu issu d'une technologie de Monsanto???? No way!
La solution fut d'opter pour le coco-liège, c'est à dire un granulat végétal brut plutôt que l'EBR (le vieux pneu dégueu). On perdait une partie des avantages du synthétique. Si cette matière se recycle très efficacement pour un bilan environnemental correct, le coût, la durabilité du coco-liège est moins bonne que l'élastomère-pneu. Et puis c'est moins élastique, les joueurs se font plus mal en chutant ou en courant, risquent donc plus de se blesser que sur l'EBR. Mais l'EBR-pneu semble faire exploser les cas de leucémie chez les gardiens de but, qui se retrouvent davantage au contact des microbilles.
3/ Que faire, alors? Eh bien sept en plus tard, de nouvelles techniques de terrain synthétique existent. La "nouvelle génération gomme verte" qui fait le bonheur de Tony le Marseillais est un granulat "monomère" hybride. Dans cet hybride, il y a du sable, c'est bien... et de l'élastomère, c'est beaucoup moins bien. Mais cet élastomère est vierge. Ce n'est pas du pneu usagé. C'est de l'élastomère "propre", autant que peut l'être ce caoutchouc synthétique. C'est une matière à laquelle on ne va pas donner le Bon Dieu sans confession, loin de là. Si une étude récente ne décèle pas de problème sanitaire, elle se conclue bizarrement en appelant à poursuivre les étude. Il y a beaucoup moins de matière potentiellement problématique, par le procédé hybride au sable. Il coûte très cher, mais il offre un bon confort de jeu et il est prometteur en terme de durabilité, et donc est finalement économique. La zone Romain-Rolland a été plutôt bien pensée en terme environnemental.
Ca peut être assumé sans rougir par un écolo, et c'est cohérent avec le moratoire des écolos d'Ile-de-France, j'en informe certains militants que le terme de "synthétique" a fait trop vite bondir et généraliser
4/ Parce qu'il y a des techniques variées, et une évolution des techniques, pour ces gazons. A Grande-Synthe, ville écolo s'il en est, le choix a porté sur un mixte pelouse naturelle/ Synthétique
mais là on est sur une technologie choisie par des clubs de rugby professionnels ou l'équipe nationale. C'est trop cher pour nous à cette heure je le crains.
Je ne suis pas pratiquant de foot. Mais mon rêve pour les footeux de Montreuil, ce serait plusieurs beau terrains enherbés. On les construirait à la place des parkings. Il y aurait moins de routes et moins de bagnoles, donc moins de saloperies à recycler. Cela dit, on pourrait quand même choisir de faire des terrains synthétiques dans des normes clean, et consacrer le reste de l'espace à de la nature en ville, à un ensauvagement d'hectares urbains. On grimperait dans les arbres pour regarder les matchs