4 Septembre 2016
Près de 40 jours après l'expulsion les roms du 250 sont toujours à la rue. Avec des célébrités qui parrainent. Et bien visibles sur le parvis de la mairie. Surtout le plus visible possible. A croire que c'est l'essentiel. D'ailleurs la mairie a fait une proposition d'installation autorisée et plus confortable... ELLE A ETE REFUSEE! Les familles auraient été moins visibles! C'est l'argument qu'on a opposé à cette proposition. Je m'interroge : pourquoi considérer cette visibilité prioritaire à de meilleures conditions et une stabilité de quelques jours permettant de se mettre enfin à faire un travail humanitaire avec une pression relâchée? La "qualité" du récit dans sa dimension dramatique et son pathos doit-elle prendre le pas sur la qualité et l'efficacité du TRAVAIL humanitaire et social nécessaire au règlement de la situation? Ras le bol. Je choisis de tourner le dos au photographe qui accole son copyright sur les photos de "l'aventure" des roms. D'ailleurs vous reconnaissez ma tonsure au premier plan sur cette photo dont les droits d'auteurs sont mieux protégés que ceux des familles roms. Je mentionnerai aussi le dessinateur Damien Roudeau, dont le travail artistique remarquable prend le pas sur le travail social et écrase à deux dimensions spectaculaires la réalité qui n'est jamais acceptable.
Alors que j'écris ces lignes une famille de plus est inscrite au 115, après une demie journée de coups de fil. Une nouvelle famille "risque" de passer quelques jours, voir plus, dans le circuit de l'hébergement d'urgence.
Les cocos étaient parti pour prendre cher, mais on doit cette action à une militante communiste. Alors même si c'est dur je modérerai ma critique des glorieux camarades dans cet article. Je classe dans un coin de ma tête des choses vues, lues et entendues, concernant le parti des 75 000 fusillés.
Juste deux données avant de passer aux copyrights et au coeur malin de l'article.
1/ Certains agents municipaux de la propreté, dès avant l'expulsion et durant ses longues journées qui pour certaines ont tourné à la chasse au Roms ont eu un comportement révoltant. Utiliser un camion de nettoyage ou un jet haute pression (abusivement appelé KARCHER) à proximité pour ne pas dire en visant des enfants appartenant à une minorité discriminée est inadmissible dans cette ville. Je demande, sans aucune légitimité pour le faire, que soit menée dans les services une enquête administrative sur ces actions répugnantes.
2/ mon positionnement, certaines de mes propositions et mon appartenance militante m'ont valu tout au long de ces semaines l'insulte "collabo". Nul doute que les personnes qui emploient un tel anathème possèdent la boussole infaillible pour pointer le bien ou le mal en ces temps complexes. Je suis "collabo" quand je considère qu'il convient de travailler, y compris en bonne intelligence avec la mairie et les services de l'Etat plutôt que d'entrer dans la LUTTE. La RESISTANCE. D'ailleurs pendant la guerre les résistants c'était les communistes et pas les écologistes, n'est-ce pas? Si vous m'appelez collabo, vous traitez donc ceux pour lesquels j'oeuvrerais selon vous de manière servile... de nazis?
C'est Bessac le Nazi? Dufriche? Voynet? QUI?
C'est marrant parce qu'on m'a souvent reproché de traiter certain de nazi parce qu'il utilisait des techniques de manipulation digne des suppôts de Goebbels. Il est toujours important de contextualiser l'insulte. Je marque souvent des points Godwin. Le nazisme et Hitler, leur action maléfique nihiliste, je les évoque dans des références à l'histoire, dans des blagues, je ne me mets plus la pression en la matière. A force de m'être fait traiter de collabo par l'EQUIPE du Méliès depuis 2012, peut-être.
Mais je suis vénère parce que pas plus tard qu'hier j'ai fait un parallèle entre les communistes municipaux de Montreuil et les nazis dans un twitt. J'en ai aujourd'hui un peu honte. En effet Il y avait une information que je n'avais pas : que le cabinet du maire avait proposé un lieu avec point d'eau aux familles le jour même. Et qu'il avait été refusé. Pourquoi? Evidemment ce n'était pas un abri en dur, et ce n'était pas durable. Donc ce n'est pas ce qui est demandé. Mais c'est mieux que le domaine public où il n'est pas permis de s'installer (Où on est donc à la merci de la police et de tous les enfoirés hostiles et racistes). On aurait pu installer les tentes et faire une installation pour plus de 24h. C'est mieux que sur la place Jean-Jaurès!!!! Non. ça a été refusé avec le choix de rester squatter la place.
Le lieu proposé n'était pas assez central et visible. Qu'en conclure? Que la position devant la mairie sur la Place Jean-Jaurès prime sur beaucoup d'amélioration possibles du sort des roms. Soyons très clair : En restant dans le cadre de la légalité et de la réalité CETTE PROPOSITION EST LE MAXIMUM QUE PEUT PROPOSER LA VILLE DANS CETTE SITUATION. Oui ça craint! ça craint que des gamins dorment sous la tente dans un terrain spartiate. Mais la situation actuelle craint encore plus!
Ce sont des élus écolos d'Ensemble Pour Montreuil ici devant la fresque de Damien Roudeau qui devient plus essentielle que le confort et la sécurité des roms. Ce n'est pas leur délégation et ils n'ont donc pas mandat pour engager les moyens municipaux mais sont monté au créneau y compris pour contester certaines décisions de Patrice Bessac, car le principe de réalité n'empêche pas la compassion. Le vrai courage politique, c'est de se montrer parfois décevant et mal compris dans ses arbitrages entre les valeurs et le principe de réalité. Vous n'avez pas tout compris? Pour résumer : le positionnement juste selon moi est celui d'Ensemble pour Montreuil.
C'est comme si cette fresque comptait plus que le sort des roms. Je la trouve superbe. j'adore le travail de Damien Roudeau. Mais là on en est à confondre l'oeuvre et le sujet, et à considérer que l'effacer c'est effacer les roms???!!!! la nettoyer au karcher c'est nettoyer les Roms???
HEY! CECI N'EST PAS UNE PIPE!
Ces dessins sont des représentations de personnes en détresse humanitaire et sociale. Une situation qui n'est pas facile à régler mais on va peut-être laisser faire les professionnels humanitaires et sociaux, mince alors.
C'est le symbole de la lutte, si belle. Ceux qui luttent, ce sont les gentils, et ceux contre qui ils luttent ce sont les méchants. C'est le ton des articles de Juliette Keating. Où la municipalité est inhumaine, MEME QUAND ELLE PROPOSE JUSTEMENT CE QUI ETAIT UN TEMPS DEMANDE... Et qu'on ce permet de refuser.
Il est temps qu'on atterrisse. On s'en fout de tes dessins, Damien. Enfin, on s'en fout... Comprenons nous. Ici l'art est nécessaire. Mais il est inutile. I-NU-TI-LE. Appeler le 115, c'est utile. Donner les droits d'auteurs de ton oeuvre pour les mignants de Calais c'est utile. Mais là j'ai l'impression qu'on confond l'oeuvre et le sujet et je demande qu'on réfléchisse un peu à la question.
Provoquer. ça je sais faire. Je veux provoquer votre réflexion. Et je vais le faire en publiant ici des photos sans respect du petit © qui y est apposé. Fais moi donc un procès pour non respect de ton copyright, Machin, si je gagne je reverse les droits à la cause, c'est promis.