28 Février 2016
4 élus EELV de Montreuil écrivent une lettre ouverte. Elle est positive et constructive, et je l'approuve très largement. N'oublions pas que Montreuil est la ville de toutes les gauches, de tous les peuples de gauche, et parmi eux, le peuple de l'écologie. La voie est libre, le village Mondial des alternatives prouvent la vitalité et la créativité de ce peuple.Les élus d'ensemble pour Montreuil peuvent porter cette énergie citoyenne, ils ont même étés élus pour ça! Ils peuvent le faire, pas seuls, contre communistes et socialistes, mais dans la majorité plurielle, de désaccords fertiles en coalitions temporaires nous pouvons si bien construire, ensemble, à gauche.
Lettre ouverte à tous les ami-litant-e-s,
Les événements politiques de ces derniers mois, de ces dernières semaines, nous bouleversent tous. Quelles que soient les interprétations personnelles des différentes séquences, montreuilloises, nationales voire internationales que nous venons de vivre, nous sentons bien que nous sommes entrés dans quelque chose qui s'apparente à une « fin de règne » ou à tout le moins, à la mort lente, mais annoncée, d'un système. Cela nous tétanise et nous fait du mal. Et précisément parce que la douleur, l'inquiétude et les interrogations sont profondes, cela nous oblige vis à vis de vous tous. De nous tous. Du collectif militant, comme de l'ensemble des personnes avec lesquelles et pour lesquelles nous menons, chaque jour, notre travail d'élu-e-s.
Nous souhaitons, avec cette lettre, ré-ouvrir le débat entre nous tous, dans l'espoir que cela nous permette de retrouver les chemins de la construction commune. Il ne s'agit ici ni d'une énième motion sectaire à la sauce EELV, comme nous en avons trop connu ces dernières années, ni de l'expression d'une scission quelconque. Nous voulons ré-ouvrir un débat constructif.
Deux pas en arrière
Il y a deux ans et demi, nous avons vécu la fin brutale, douloureuse, de la belle aventure commencée avec Dominique Voynet en 2008. Nous qui avions travaillé – avec tous nos autres collègues et ami-e-s – à la mairie et/ou dans nos cercles militants, à faire se développer les solutions proposées par l'écologie politique, nous avons été obligés d'admettre que cela ne suffisait pas. Fier-e-s et heureux -ses de la dynamique enclenchée dans notre ville, des projets sortis de terre ou de ceux qui verront bientôt le jour, nous avons dû nous rendre à l'évidence : cet essai de 2008, nous ne sommes pas parvenus, collectivement, à le transformer lors d'un second mandat. Peut-être un jour saurons-nous en faire, sereinement et collectivement, l'analyse.
Avec la volonté farouche de tout faire pour empêcher un retour de l'ancienne municipalité, avec l'intuition qu'il fallait ouvrir pour notre ville une nouvelle séquence, où les différentes sensibilités de gauche allaient devoir apprendre à se parler et à travailler ensemble, nous avons choisi de dire « oui » à cette liste de second tour conduite par celui qui est devenu notre nouveau Maire, Patrice Bessac. Évidemment, il n'y avait là rien de facile pour aucun-e d'entre nous. Nous avons compris, et respecté, nos ami-e-s militant-e-s qui ne faisaient pas le même choix que nous.
Et nous avons dû mettre en pratique les choix faits. Découvrir d'autres méthodes de travail, sentir chaque jour que tout était à construire, à commencer par notre capacité à porter certains
chantiers bien engagés – le Nouveau Centenaire ou la piscine écologique par exemple – ou à en ouvrir de nouveaux avec des collègues ne partageant pas la même culture politique – le Village mondial des alternatives, la stratégie Climat énergie d'Est Ensemble pour citer d'autres exemples. Pendant des mois, au sein du groupe des treize élu-e-s écologistes et citoyens, nous avons tâtonné.
Dans nos rapports avec l'équipe du Maire, dans ceux avec la troisième composante de la majorité –le PS – ainsi que dans nos positionnements respectifs.
Et progressivement, nous, signataires de cette lettre, nous nous sommes trouvés des points de convergence. Ils ne sont pas fondés sur des complicités anciennes – nous n'étions pas tous élu-e-s de la précédente mandature, nous ne venons pas tous des mêmes bords militants et, pour les EELV, nous n'avons pas signé récemment les mêmes “motions”. Non, nos points de convergence s'appuient sur des convictions fondées sur la pratique.
Le rapport de force politique, indispensable pour parvenir à agir dans le sens que nous souhaitons toutes et tous – le renforcement de politiques publiques écologiques et sociales – ne peut se construire que sur des rapports de confiance issus du travail accompli. Sans cette légitimité tirée de l'action réalisée, toute parole critique est immédiatement vécue comme une défiance, comme un désaveu de légitimité. La posture qui consiste à jouer l'opposition interne à la majorité, en pointant uniquement ce qui ne nous convient pas, sans porter de solutions alternatives et partagées, ne permet de rien gagner. Pire, elle est illisible et incompréhensible vue de l'extérieur.
Les crises, écologiques, sociales, économiques et géopolitiques frappent dur. Et n'ont malheureusement pas fini de frapper ! Face à cette réalité, la grande majorité des personnes que nous rencontrons dans l'exercice de nos délégations, nous demandent de tenir bon au sein de cette majorité de gauche. Dans de nombreuses conversations, l'attente que nous ressentons avant tout est celle que les politiques arrêtent de s'occuper d'eux en se livrant d'énièmes guerres picrocholines, pour s'occuper de tout le reste : Montreuil et ses habitants. Ils ne veulent plus entendre les politiques se déchirer, ils veulent les voir dans l'action quotidienne.
En acceptant l'alliance de second tour en 2014, nous avons – sciemment ou non – accepté d'endosser le costume à multiples couches d'écolos dans une majorité plurielle, responsables au regard de nos convictions et de nos délégations, co-responsables également de la pérennité de cette pluralité.
Ce costume est d'autant plus lourd que la « marque » politique EELV est aujourd'hui bien mise à mal. Depuis 2012, notre parti politique n'a pas su montrer au peuple français autre chose que ses divisions incessantes, ses tactiques plus ou moins gagnantes (plutôt moins que plus pour être francs !) et ses retournements de positions... Rien de bien enthousiasmant. Enfin, l'entrée récente de trois des nôtres au sein du dernier gouvernement Valls ne simplifie pas les choses.
Trois pas en avant...
Ce délabrement de notre parti politique est d'autant plus contradictoire que parallèlement, le « peuple de l'écologie » et ses représentants n'ont jamais été aussi agissants, vivants, entreprenants et dynamiques. Et que les questions écologiques n'ont jamais été autant portées et débattues dans toutes les enceintes politiques de la République.
Merci à nos grands élus, Denis Baupin, Ronan Dantec qui ont porté à bouts de bras la première loi de Transition énergétique française, puis les négociations lors de la COP 21 avec les collectivités territoriales dans le cadre fixé par CGLU (Cités et gouvernements locaux unis).
Merci à notre sénatrice, Aline Archimbaud, qui a démontré avec précision l'état lamentable de l'accès aux droits dans le domaine de la santé pour les plus démunis.
Merci à nos députés européens qui se battent chaque jour contre le « nerf de la guerre » : les lobbys industriels, bancaires et leurs affidés.
Merci à nos élu-e-s régionaux, Emma Cosse et Pierre Serne qui, lors de la précédente mandature, ont obtenu des avancées significatives : le Pass Navigo à tarif unique, l'émergence de nouvelles solutions dans le domaine du logement – le Nouveau Centenaire, par exemple.
Merci à tous les copains et copines investi-e-s au sein d'Alternatiba et de la Coalition Climat 21 qui ont permis de rassembler plus de 30 000 personnes à Montreuil, les 5 et 6 décembre dernier.
Merci aussi à toutes les associations, petites ou très grandes, qui permettent que chaque semaine, le discours et les actes écologiques pénètrent dans chaque famille. Un seul exemple : le Sens de l'Humus est submergé par les demandes concernant les mises en œuvre de compostières collectives. Et ceci dans tous les quartiers d'Est Ensemble, dans les écoles et les collèges comme dans les maisons de retraite.
Merci, enfin, à tous les jeunes entrepreneurs qui inventent le système économique résilient et bas carbone dont nous avons besoin.
... La liste n'est évidemment pas exhaustive.
Et maintenant
Dans ce contexte, difficile, déstabilisant, lourd (nous pensons aux attentats de 2015, mais aussi aux scores à plus de 30 % du FN et aux niveau de l'abstention) nous pensons que la ligne à tenir, en tant que militant-e-s et élu-e-s écologistes est de poursuivre notre chemin de responsables politiques locaux : au service des Montreuillois, portant des idées et des projets écologiques, pointant ce qui ne nous convient pas, dans un rapport de force établi à la fois sur la confiance et l'exigence avec les autres composantes de notre majorité plurielle.
Voilà pourquoi nous avons plaidé pour le sérieux dans l'affaire de l'article de Libération : nous avons refusé de considérer qu'un article à charge, écrit sans éthique, puisse avoir une valeur quelle qu'elle soit ou remettre en question l'existence même de cette majorité plurielle. Nous avons encouragé celles et ceux d'entre nous qui proposaient des amendements au communiqué de réponse de la majorité demandé par le Maire. Et nous l'avons voté.
En parallèle, nous sommes vigilants et exigeants dans l'exercice de nos missions quotidiennes et nous continuerons à l'être, au-delà des jeux de posture tactique.
Le dernier conseil municipal a permis de voir apparaître sur le papier une nouvelle alliance,
improbable, mais pourtant à plusieurs reprises constatée lors de réunions de quartiers : celle de Ma Ville j'Y Crois avec Elire Montreuil et le Rassemblement pour Montreuil. Brardistes, « Vipeyristes » et gens de droite. De son côté, le député se démène beaucoup, et dans différents domaines, pour essayer de se poser en seule vraie solution alternative. Nous avons déjà vécu le résultat de ses promesses !
Nous n'entrerons pas dans l'ensemble de ces petits jeux locaux qui font fuir les électeurs. Nous continuerons à porter et proposer des projets faisant vivre l'écologie politique.
Ce dialogue, que nous souhaitons ardemment entamer ici, il ne tient qu'à nous tous de le faire
vivre. Nous reviendrons vers vous régulièrement afin de vous expliquer ce que nous faisons, en souhaitant que très vite, des échanges fructueux, et des actions communes, s'instaurent à nouveau.
Re-construisons ensemble, c'est notre unique souhait !
Mireille Alphonse, Véronique Bourdais, Anne-Marie Heugas, Claude Reznik