26 Novembre 2015
Salut!
En préambule à ce premier article je vais en dire un peu plus sur le projet "tous Montreuil". Ce blog a pour but d'informer de façon libre tant sur le fond que sur la forme de la vie locale à Montreuil. Je ne me cache pas derrière mon petit doigt, je suis un militant. Je n'ai pas de prétention à l'apolitisme et à la neutralité. Mais je considère que ça ne bride en rien ma liberté d'expression, et que cela n'engage ni mon parti ni mon syndicat. La réserve du fonctionnaire? A la rigueur, ça on peut en parler.
Dans ce premier "clash à Montreuil", comme par hasard je vais dégommer l'édito du dernier programme du Méliès.
Dans son immense générosité l'équipe du Méliès consent à programmer deux films grand public (James Bond : Spectre et Star Wars : le Réveil de la Force) et en fait tout un fromage dans son édito. elle expose ce faisant des arguments contestables sur le cinéma de service public. Avec une telle politique et une telle application le cinéma de service public est en danger à Montreuil.
Détaillons:
L'édito commence par une affirmation bien vaniteuse. que l'obtention de Spectre et de le Réveil de la Force en sortie nationale, on le devrait à une "confiance renouée par le Méliès et les distributeurs", et à une "fréquentation assidue".
Franchement, obtenir ces films, qui vont sortir sur un nombre considérable d'écrans, quand on a un cinéma tout neuf qu'on a pas fini de payer, tu parles d'un exploit. Les grands studios feraient l'aumône des copies numériques de leurs films à Montreuil, avec pour principale raison la confiance qu'elles ont dans la célèbre équipe du Méliès? J'imagine bien la Scène Chez Walt Disney ou Sony Picture France :
"Bon y a Montreuil sous Bois qui demande une copie de 007...
-Montreuil? ça va pas, non? Après ce que Voynet a fait à l'Equipe injustement évincée, JAMAIS! J'ai pas confiance.
-Mais Goudet et les comptables ont été réintégré...
-Ah bah ça va, alors. D'autant que la justice n'a pas jugé bon de trop creuser cette histoire de double billetterie et de faux en écriture J'ai toute confiance"
Vous êtes sûrs? Confiance perdue confiance renouée?
Quant à la fréquentation assidue, qu'en est il? Une info sur la fréquentation du cinéma : Plus de 55 000 entrées depuis l'ouverture fin Aout. Ce serait incroyable, excellent. Ah bon? Vraiment?
Donc 55 000 en trois mois. Regardons avec les éléments de comparaison. Qui ne sont pas franchement si facile à trouver. Par rapport au 3 salles de la croix de chavaux? bien sûr cest plus. Encore heureux. Beaucoup plus? Eh bien non pas beaucoup plus. Dans sa meilleure année, 2004 le 3 salles a fait 215 000 entrées.
55 000 en un trimestre, 220 000 par an... Tout juste 2,5% de hausse.
Non, c'est un nouveau cinéma. Comparons avec un cinéma de même taille, de l'Est Parisien... Le six salles MK2 Gambetta ? Il dépasse allègrement les 400 000 entrées annuelles!
La fréquentation ne semble franchement pas terrible, en fait. J'attends d'être détrompé, mais ça semble même mauvais. D'autant plus que ce n'est donc pas au MK2 Gambetta que nous allons prendre des parts de marché car selon le renommé directeur artistique " Personne ne fait 20 minutes de métro en plus pour gagner 3 ou 4 € "
Même pas "les spectateurs occasionnels qui ne se rendent au cinéma qu'une ou deux fois par an en famille"?
On enchaîne sur une interrogation prêtée à "certains professionnels": a-t-on besoin de programmer ces films? Et donc : la vocation du Méliès n'est elle pas de ne montrer QUE de l'art et Essai?
Et là entre en jeu tout le détournement en oeuvre de la notion de cinéma de service public. Sa priorité, sa finalité première, donc, à ce cinéma bâti par 18 millions d'argent public d'un territoire pauvre, subventionné par l'argent public d'un territoire pauvre, serait d'aider le cinéma fragile et risqué d'art et essai. Je dis non. ou pas comme ça.
Il y a une phrase sur le service public. Une phrase citée et recitée. "Le service public est le patrimoine de ceux qui n'en ont pas". A Montreuil il y a des gens qui ont du patrimoine. Et il y a des gens qui n'en ont pas. Il y a des gens qui prennent bien souvent le métro pour gagner pied à pied quelques euros. Sur notre territoire ils peuvent aller dans des cinéma publics pour pas cher. Et plusieurs fois par an, pour peu que l'offre soit là. Avec un si beau cinéma public c'est juste un scandale d'échouer à offrir plus de cinéma à tous les habitants.
Au Trianon de Romainville, le dimanche je vois des papas aller voir Spiderman ou Kev Adams avec leur gamin. Ce peuvent être des pères dont c'est le week end avec leur enfant. un moment de sortie, de partage, de transmission. C'est beau.
Au Méliès je vois des moments un peu gâchés par le fait que même pour les films blockbusters les deux tiers des séances sont en version originale!
Je vois des gamins qui ne verront pas la comédie Française dont tout le monde parle (ou qui la verront à Rosny 2) parce que... parce que quoi, au fait? Pourquoi le Méliès est-il imperméable à la comédie populaire qui cartonne, ou ne la présente-t-il que comme extérieure à son propos, un présent rare et un peu vulgaire de cette contrée barbare et lointaine qu'on appelle la France réelle? (Voir le premier festival de renc'art au Méliès avec "qu'est-ce qu'on a fait au bon dieu"). S'il s'agit d'employer des recettes de films à succès pour du cinéma plus exigeant, pourquoi être bégueule? Pourquoi pas Aladin? Pourquoi pas Les profs? Pourquoi pas les Tuche ? Au nom de l'élitisme pour tous? Pour préserver de précieux labels pas vraiment menacé? ou pour rester dans un entre-soi qui est presque une privatisation d'objet public?
Le cinéma de service public du territoire n'a pas vocation prioritaire à promouvoir le cinéma islandais ou celui de Dominique Cabrera. Ni à permettre à des membres d'une association de profiter un max et d'imposer ses goûts élitistes à tous. Il est un patrimoine des habitants, un patrimoine dont le plus grand nombre doit jouir, un patrimoine à promouvoir, à valoriser. Un patrimoine en danger si le Méliès échoue dans sa conquête de nouveaux publics. Et j'ai bien l'impression que c'est ce qui est en train de se passer.